July 21, 2009

Sazegara, l’opposantdu dehors - liberation.fr

Monde 18/07/2009 à 06h51
http://www.liberation.fr/monde/0101580453-sazegara-l-opposantdu-dehors
Portrait
Cet ancien pasdaran conseille les manifestants sur le Web depuis les Etats-Unis.

Par JEAN-PIERRE PERRIN

C’est une des grandes faiblesses de l’opposition au régime de Mahmoud Ahmadinejad et du guide suprême Ali Khamenei : elle a un manque criant de leadership. Certes, il y a Mir Hossein Moussavi, dont la fermeté et l’intransigeance contribuent beaucoup à cimenter le «Mouvement vert». Mais le candidat réformateur est bien isolé, la plupart de ses proches collaborateurs et les cadres réformateurs sont emprisonnés. Et sa parole est le plus souvent muselée. Aussi, les Iraniens se prennent-ils à écouter de plus en plus un compatriote exilé aux Etats-Unis qui, chaque jour, leur donne notamment des conseils pour mieux résister à l’actuel pouvoir. Soit sur son site - que l’on peut traduire par «fais attention» - soit sur YouTube, Mohsen Sazegara leur explique notamment comment survivre dans une manifestation ou comment pratiquer la désobéissance civile.

Mohsen Sazegara a une certaine expérience. Ce dissident, chercheur à Harvard et président du Research Institute for Contemporary Iran, basé à Washington, a été actif du temps du régime du chah. Il a ensuite rencontré Khomeiny et est devenu un des fondateurs des pasdarans, les célèbres gardiens de la révolution, en 1979. Agé de 54 ans, Sazegara a également occupé à plusieurs reprises des fonctions ministérielles dans les années 80. C’est à la mort de l’imam Khomeiny, en juin 1989, qu’il commence à se séparer du régime, refusant de nouveaux postes présidentiels. En 2001, il se présente au scrutin présidentiel, mais sa candidature est refusée par le Conseil des gardiens de la révolution, l’organisme chargé de les valider. S’étant opposé au guide suprême, il est ensuite arrêté en 2003 puis relâché quelques mois plus tard. Pendant sa détention, il suit pendant soixante-dix-neuf jours une grève de la faim.

Aujourd’hui, Sazegara apparaît comme un Moussavi bis, mais basé à l’étranger. Comme lui, il est convaincu que seule une stratégie non violente peut venir à bout du régime islamique. L’idée d’inciter les habitants de Téhéran à provoquer des pannes d’électricité au moment du journal télévisé en branchant de multiples appareils ménagers (lire page précédente) vient de lui. Selon lui, le guide Ali Khamenei a atteint «un point de non-retour», sans possibilité de marche arrière. En validant la candidature d’Ahmadinejad, il estime qu’il a commis «la pire erreur de sa vie».